Entretien avec Agathe Guillemot, qui participera à ses premiers Jeux Olympiques dans trois semaines au Stade de France. L’occasion d’en apprendre plus sur l’entraînement de la nouvelle recordwoman de France du 1500 mètres. Elle nous livre par ailleurs les clés qui lui ont permis d’atteindre un tel niveau ainsi que ses ambitions pour les Jeux.
Bonne lecture !
Quel est ton état d’esprit avant tes premiers Jeux Olympiques ?
Le 1500 mètres, c’est dans 3 semaines, donc pour l’instant, l’objectif est de rester calme et de ne pas me mettre trop de pression. Le 7 juillet dernier, j’ai battu le record de France du 1500 mètres en 3’58’’05 et le 12 juillet, j’ai battu le record de France du 2000 mètres en 5’32’’63. Ces deux grosses performances m’ont permis de me mettre en confiance avant les Jeux. Mais maintenant, il faut retourner au travail. Je reste encore deux semaines à Rennes et ensuite, nous partons avec l’équipe de France fin juillet à l’INSEP où je vais pouvoir vraiment me mettre dans l’ambiance des Jeux et dans ma bulle pour être la plus performante possible.
Quelles sont tes ambitions à Paris ?
Étant donné que c’est un championnat, c’est la place qui compte le plus, je n’ai donc pas d’objectif chronométrique. Mais si je veux passer les tours, il faudra que j'aille de plus en plus vite. Je pense avoir réussi mes championnats d’Europe et je suis convaincue que je peux aussi réussir mes Jeux. Concrètement, l’objectif est d’être au départ de la finale le samedi 10 août. Une fois que je suis sur la ligne de départ, tout est possible. Je ne veux pas avoir de regrets et je veux être à mon meilleur niveau face aux meilleures mondiales.
ON
CLOUDSPIKE CITIUS
Avec quel modèle de pointes vas-tu courir aux Jeux ?
Aux championnats d’Europe à Rome et à la Diamond League de Paris, j’ai couru avec les Cloudspike Citius de chez ON. Ce nouveau modèle est encore plus confortable que le précédent (Cloudspike 10 000 m) que j’utilisais avant. Le chaussant est cette fois-ci plus large et il me va bien. En général, je finis très fort mes courses, et je pense que c’est en partie grâce à ces pointes qui sont vraiment super dynamiques.
"Ce qui m’a permis de progresser de façon linéaire, c’est vraiment la régularité à l’entraînement et le fait d’avoir une approche plus basée sur le sprint. Le vélo, quant à lui, me permet d’augmenter mon volume en évitant de me blesser."
Agathe GUILLEMOT
Quelles sont les clés de ton succès et de ta progression ces dernières années ?
Pour moi, le plus important c’est la régularité. Par exemple, depuis septembre je ne suis jamais descendue en dessous de 70 kilomètres par semaine. Ça fait maintenant 3 ans que je me suis spécialisée dans le demi-fond et, mis à part le syndrome de l’essuie-glace l’été dernier, je ne me suis jamais blessée. Le fait de ne pas se blesser, ça permet d’accumuler les kilomètres et d’avoir une progression linéaire. Un point qui peut faire la différence comparé à une athlète qui se blesse régulièrement. Concernant mon entraînement, j’ai une approche plus basée sur le sprint car mon coach est un spécialiste de cette discipline. Donc, je fais quasiment des séances de musculation de sprinteur et on n’hésite pas à faire des sprints de 30 à 60 mètres à bloc à l’entraînement. Après, je ne suis pas quelqu’un qui va faire beaucoup de séances spécifiques. Je compte justement sur les compétitions pour travailler les allures de course. En somme, les compétitions font office de spé.
ON
CLOUDBOOM STRIKE
Quelle est ta chaussure d’entraînement favorite en ce moment ?
En ce moment, je cours beaucoup avec la nouvelle ON Cloudboom Strike. J’aime beaucoup les utiliser pour les sorties longues avec des efforts actifs. Dans ma rotation de chaussures, il me manquait une paire polyvalente pour faire pas mal de kilomètres sans avoir mal au mollet, et je pense avoir trouvé ce qu’il me faut avec ce modèle. Récemment, j’ai testé les Cloudboom Echo 4 qui vont bientôt sortir, et elles sont incroyables. J’apprécie vraiment ce que fait ON, leurs modèles s’améliorent d’année en année, et franchement, je me sens vraiment performant avec ces chaussures, donc c’est super.
Comment intègres-tu le vélo à ton entraînement ?
En sachant que je viens du plus court, il fallait que j’augmente mon volume progressivement. Le vélo m’a donc permis d’augmenter mon volume en termes d'entraînement tout en diminuant les impacts et donc de réduire le risque de blessure. Ça me permet également de travailler dans des zones cardiaques que je n’arriverais jamais à atteindre à pied car il faudrait courir trop lentement. Mais de manière générale, travailler longtemps à des intensités très faibles, ça fait du bien, le corps récupère beaucoup plus vite, c'est une sorte de reset dans la semaine, un échappatoire. Mis à part les sorties tranquilles, je fais mes séances de côtes sur le vélo. Par exemple, 150 à 300 mètres à bloc ; à vélo, j’ai l’impression de pouvoir plus facilement « recruter » ma force.
COMMUNITY RUN
Paris, 30 juillet 2024
Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu'un qui souhaite atteindre le haut niveau en demi-fond ?
L’important pour moi, c’est de toucher à tout. Travailler toutes les allures, y compris le sprint, parce que c'est vraiment important. C'est quelque chose que l'on travaille quand on est jeune et qu’on lâche trop tôt, selon moi. Il ne faut également pas être obnubilé par le kilométrage hebdomadaire, c’est super important d’être à l’écoute de son corps et de ne pas lui en demander trop. Mais de manière générale, le plus important, c’est de prendre du plaisir à l’entraînement et en compétition. Notamment grâce à un bon accompagnement : personnellement, quand je vais à l’entraînement, je sais que je vais retrouver mes amis et m’amuser, donc c’est super. »
Très bel article. Concis, précis, du bon boulot de journaliste sportif. Bravo.