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Chaussures à plaque carbone : la révolution qui a changé le visage du running

C’est une petite pièce cachée dans la semelle, à peine visible, mais elle a bouleversé le monde du running.Une fine plaque noire, rigide, discrète… en carbone.

Depuis quelques années, elle déchaîne les passions : certains y voient la plus grande innovation sportive depuis les pointes d’athlétisme, d’autres la considèrent comme un dopage technologique déguisé sur les réseaux sociaux. Mais une chose est sûre : elle a changé la manière de courir, de s'entraîner et même de rêver ! 

Tout commence en 2017, sur l’asphalte du circuit de Monza. Sous le regard du monde entier, Eliud Kipchoge tente l’impossible : courir un marathon en moins de deux heures. Autour de lui, des lièvres, des lasers, une voiture de tête… et une paire de chaussures mystérieuses surtout : les Nike Zoom Vaporfly 4%, premières du genre à intégrer une plaque de carbone sur toute la longueur.

Kipchoge échoue à 25 secondes du rêve, mais ouvre une porte que plus rien ne refermera.
Depuis, la course à pied n’est plus tout à fait la même. Des records tombent, les marques rivalisent d’ingéniosité, et la question persiste : le carbone fait-il courir vraiment plus vite ?

Le concept : un ressort invisible sous ton pied

Pour comprendre la magie du carbone, imagine une planche flexible prise en sandwich entre deux couches de mousse.

Quand tu poses le pied, la plaque se déforme légèrement, emmagasine l’énergie, puis te la rend au moment où tu pousses avec ton pied.

Ajoute à ça une mousse ultra-réactive (souvent du PEBA, comme le ZoomX de Nike ou le FF Turbo Plus d’Asics), et tu obtiens une foulée plus longue, plus élastique et plus économique surtout qui offre une forte économie musculaire.

C’est exactement ce qu’ont montré les chercheurs de l’Université de Calgary (Ghanbari et al., 2025) :

“Le coût énergétique de la course baisse de 1,8 à 2,2 % avec la combinaison plaque + mousse.”

Cela peut sembler minime… mais sur un marathon, cela représente plus d’une minute gagnée pour un coureur autour de 3H00 et bien davantage pour les élites de ce fait, car avec la vitesse le rebond est encore plus fort, l'énérgie est décuplée.

Ce que la science dit vraiment de la plaque carbone

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La forme de la plaque : le détail qui change tout

Toutes les plaques en carbone ne se valent pas. Certaines sont plates et rigides, d’autres incurvées pour épouser la dynamique du pied.

Une équipe chinoise menée par Yufan Xu (Frontiers in Bioengineering & Biotechnology, 2025) a justement comparé deux prototypes d’une même chaussure Asics Metaspeed Paris :

  • une version “Flat”, à plaque plate et rigide ;

  • une version “Curve”, à plaque incurvée sur l’avant-pied, comme sur les Vaporfly ou les Metaspeed Sky.

Leur verdict est sans appel : la plaque courbée réduit les angles de flexion de la hanche et du genou, limite les contraintes articulaires et améliore la stabilité quand la fatigue s’installe.

En clair, le corps travaille moins dur pour produire la même vitesse.

“Les plaques courbées modifient la mécanique du levier avant-pied, optimisant la propulsion tout en réduisant la charge musculaire.”

— Xu et al., 2025

C’est cette fameuse sensation de rebond que décrivent tous ceux qui ont couru avec une Vaporfly, une Endorphin Elite ou une Metaspeed : cette impression d’être légèrement projeté vers l’avant à chaque foulée.

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Le duo plaque + mousse : le vrai moteur

On entend souvent dire que « c’est le carbone qui fait tout ». C’est faux, car ce n’est pas que le carbone ; comme vous allez le découvrir (et peut-être que vous vous en doutiez déjà).

Les chercheurs de Ghanbari et al. (Footwear Science, 2025) ont testé trois versions d’une même chaussure :

  • avec plaque carbone + mousse PEBA (le combo complet) ;
  • sans plaque carbone ;
  • avec une mousse EVA plus classique.

Résultat : le gain disparaît dès qu’on retire l’un des deux éléments. La plaque seule ne suffit pas, et la mousse non plus : c’est leur interaction qui crée la magie et permet le rebond !!

La plaque apporte une rigidité longitudinale qui canalise la déformation du pied, tandis que la mousse PEBA fournit un rebond élastique. Ensemble, elles forment un véritable mini-ressort biomécanique à chaque impact.

Cette combinaison permet une économie d’énergie mesurable : environ − 1,8 à − 2,2 % de coût énergétique selon Ghanbari et al. En clair, cela représente plusieurs minutes gagnées sur un marathon pour un coureur bien entraîné. Car oui, grâce à ce combo on gagne sur l'économie musculaire, c'est là qu'on gagne du temps sur le chrono final.

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Des gains différents selon ton profil

Le carbone ne fait pas de miracle. (malheureusement) Il ne transforme pas un coureur moyen en athlète olympique, et c'est dommage... Mais il amplifie ce que ton corps sait déjà faire. Et ce qui change tout, ce n’est pas seulement ta technique de course… c’est aussi ta vitesse avec cette combinaison plaque + mousse.

Une étude menée par Wang et al. (Footwear Science, 2025) a analysé quatre modèles à plaque carbone sur des coureurs amateurs. Les résultats sont sans équivoque : plus la vitesse augmente, plus l’efficacité mécanique du carbone se déploie.

Pourquoi ? Parce que le rebond mécanique dépend directement de la force d’impact et du temps de contact au sol. À haute vitesse, le pied reste moins longtemps en contact avec le sol : la plaque carbone et la mousse PEBA agissent alors comme un ressort compressé. Elles se déforment, emmagasinent l’énergie, puis la restituent exactement au bon moment pour la propulsion.

À des vitesses plus faibles, le contact au sol est plus long : la mousse a le temps de se comprimer sans restituer autant d’énergie instantanée, et l’effet “turbo” (la propulsion en fait) s’atténue. Le carbone reste efficace, mais son rendement diminue.

Vitesse et technique : un duo indissociable

  • Les modèles les plus équilibrés ; comme la Nike Vaporfly 2 ou la Li-Ning Feidian 2.0 offrent le meilleur rendement énergétique à partir de 14–15 km/h, réduisent les forces d’impact et améliorent la stabilité selon l'étude.
  • Les modèles plus rigides, comme la 361° Flame 2 (que nous ne connaissons pas chez RUN'IX, car ce modèle a servi à l'étude), deviennent performants à très haute vitesse, mais peuvent augmenter la contrainte sur le genou et fatiguer les muscles chez les coureurs moins rapides.

Autrement dit :

  • Plus tu es entraîné et rapide, plus tu exploites le potentiel du carbone et de la mousse
  • Plus ta foulée est instable ou lente, plus le carbone risque de te jouer des tours, c'est pour cela qu'il ne convient pas aux débutants ou aux coureurs plus lents, cela peut être dangereux et contre-productif.

C’est la différence entre un outil de performance et une arme à double tranchant. Le carbone ne compense pas une technique moyenne ; il amplifie la biomécanique que tu maîtrises déjà jusqu’à la transformer en avantage mesurable.

Et c’est aussi ce qui rend ces chaussures fascinantes selon nous : elles ne trichent pas avec la physique. Elles optimisent juste la vitesse à laquelle ton corps sait déjà voler. Faites le test, courir sans carbone à l'entraînement puis chaussez un top modèle du marché le jour j et vous allez voir la différence !

Comment apprivoiser le carbone ?

Chez RUN’IX, on pense que les chaussures à plaque carbone ne sont pas faites pour tout le monde, ni pour tous les jours. Elles demandent un peu de patience, de bon sens et d’écoute de son corps. Leur potentiel est énorme, mais elles doivent être apprivoisées ! 

Voici notre méthode “carbone responsable” pour vous aider dans votre adoption :

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Introduis-les progressivement

Ne passe pas du jour au lendemain à 100 % carbone. Commence par une séance par semaine, sur des allures précises (tempo, seuil ou intervalles). Ton corps doit apprendre à gérer la rigidité de la plaque et la nouvelle façon de courir qu’elle impose. Tes mollets, tes tendons et ta voûte plantaire vont te remercier.

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Garde-les pour les jours importants

Ce sont des chaussures de performance, pas pour les footings ou la marche
Sors-les pour les compétitions, les tests chronos ou les séances de qualité.
Ton footing de récup’ du mardi ? -> Une paire plus classique fera très bien le job.

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Continue à t’entraîner avec des chaussures sans carbone

Le carbone t’aide à économiser de l’énergie, mais il “triche” un peu avec ton travail musculaire.
Alterner avec des modèles sans plaque permet de renforcer ta stabilité, ta proprioception et ta chaîne postérieure.
C’est le meilleur moyen de garder un corps fort et équilibré sur le long-terme, il faut donc penser à effectuer une rotation avec ses chaussures de course à pied.

La conclusion de RUN'IX

On ne va pas se mentir : les chaussures à plaque carbone ont marqué un vrai tournant dans la culture du running. Ce n’est pas juste un effet de mode, c’est une évolution profonde dans la manière de concevoir la performance, on le sait tous.

Elles ont changé notre vision de la course, notre rapport à la vitesse, et même la façon dont on s’entraîne.

Gardez en tête que ce n’est pas la plaque seule qui fait la différence. C’est le duo plaque + mousse qui transforme la foulée, qui stocke et restitue l’énergie à chaque impact. C’est ce mélange de rigidité et de rebond qui fait leur force et aussi leur exigence.

On vous a donné ici les bons réflexes pour les apprivoiser : allez-y progressivement, respectez vos sensations, et ne les sortez que quand ça compte vraiment.


Pas de footing tranquille avec des carbone, surtout si vous n’en avez jamais porté. Gardez-les pour les séances de qualité, les allures spécifiques ou les compétitions.

Ces chaussures sont une aide, pas une solution miracle, alors faites attention selon votre pratique !

One thought on “Chaussures à plaque carbone : la révolution qui a changé le visage du running

  1. Tamere_enshort dit :

    il faut voir que les chaussures carbone, en plus de la plaque, sont des chaussures haut de gamme, donc le carbone est accompagné de (des) mousse(s) de qualité, et une construction globale légère.

    C’est ce combo qui aide à la performance. A la grosse louche 1 kg en moins c’est 2s de moins / km, et 100g de moins sur les chaussures c’est l’équivalent d’un kg sur le corps.

    Après, il faut voir l’objectif et le parcours.

    Par exemple pour les trails, j’ai deux paires pour les jours de course : Adidas Terrex Ultra à plaque carbone, que j’utilise en cas de grosses parties roulantes et/ou une grosse proportion de routes, là où le carbone va m’aider.
    A l’inverse, si la course est technique, avec du sinueux, et peu de route, je privilégie les Norda 005 pour leur légèreté et leur semelle large.

    Pour les courses route, ça sera carbone uniquement :
    Adios Pro 4 pour le marathon (performantes et confortables) et pour les distances inférieures (10 et semi), les Puma Fast-R 3 pour leur renvoi d’énergie supérieur, et leur poids inférieur.

    Enfin, pour les entraînements, j’ai 4 paires :
    – Asics Nimbus 27 pour les décrassage après course et les séances tranquille du lundi
    – Asics Nimbus 27 TR (chemin) pour les séances tranquilles sur chemins variés
    – Adidas Evo SL pour les séances plus rythmées (si vous courez à plus de 4’20 / km et/ou que vous ne deviez garder qu’une paire, ça serait celle là)
    – Hoka Cielo X1 (carbones mais lourdes) pour les séances de fractionné sur piste

    Pourquoi autant de paires :
    – pour adapter la chaussure à l’effort
    – pour éviter de faire travailler toujours les mêmes zones du pied / de la jambe
    – pour permettre aux mousses de se re-former d’une course à l’autre
    – pour permettre aux chaussures de sécher (transpiration et humidité extérieure)

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