Interviews

Run to Paris : Azeddine HABZ

Premier épisode d'une nouvelle série : Run to Paris !
Partons à la rencontre des athlètes en quête du rêve Olympique.

Recordman et champion de France indoor du 1500 mètres en titre, Azeddine Habz nous a ouvert les portes de l'INSEEP - où il s'entraine pour répondre à nos questions. Les yeux rivés vers Paris, rencontre avec l'un des meilleurs demi-fondeurs français du moment !

Tu as battu le record de France du 1500 mètres Indoor au meeting de Liévin cet hiver. Comment as-tu vécu ce nouveau record national ?

Ce record, j’ai toujours eu envie de le chercher. Et c’est un record qui appartenait à Mehdi Baala, donc forcément, ça m’a fait plaisir de l’avoir, de laisser une trace sur les tablettes. Mais c’est juste une étape avant cet été où il faudra aller le chercher en extérieur et faire quelque chose de beau à Paris.

Comment gères-tu le stress et la pression avant une telle course ?

C’est pas facile d’arriver en sachant qu’on est là pour une tentative de record de France en restant zen. Il y a forcément de la pression mais il faut l’avoir, cette pression, parce que c’est avec elle qu’on va chercher ces records. Par contre, il ne faut pas tomber dans le piège du stress et perdre ses moyens.

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Tu as récemment partagé l’une de tes séances qui a fait réagir. Tu avais réalisé un 10 kilomètres en 30 minutes et un second 10 kilomètres en 29 minutes avec 5 minutes de récupération entre les deux. Quel était l’intérêt d’une telle séance ?

J’ai vu que cette séance a fait plus de bruit que mon record de France ! L’intérêt était de valider la période durant laquelle je fais le plus de kilomètres à l’entraînement. Les coachs n’étaient pas forcément d’accord, mais j’avais besoin de la faire pour me rassurer et valider une étape de ma préparation. Je l’ai faite sur une partie du circuit du marathon de Paris qui n’est pas facile du tout. L’objectif n’était pas de chercher un chrono en 28 minutes, mais plutôt de courir avec la pré-fatigue du premier 10 kilomètres en réussissant à aller plus vite sur le deuxième effort.

Quelle est, selon toi, la partie la plus importante de l’entraînement pour courir vite sur 1500 mètres ?

Pour moi, toutes les parties sont importantes. Il faut faire beaucoup de kilomètres et faire de la musculation pour être bien gainé. Pour faire les derniers 100 mètres d’une course en 13 secondes ou moins, il faut vraiment être solide. Et puis il y a l’aspect « vitesse » sur lequel on a mis l’accent avec mes coachs en faisant du 800 mètres notamment, et je pense que ça a marché. Ces derniers temps, on voit qu’il existe plein de méthodes d’entraînement. Pour moi, elles fonctionnent toutes afin d'arriver à courir en 3’29 sur 1500 mètres. Par exemple, à Oslo, j’ai couru contre des gars qui ont fait 3’29 et je sais qu’ils ont une autre méthode que moi. Eux appliquent la méthode de Jakob (Ingebrigtsen) dont on parle de plus en plus. Moi je travaille avec Philippe et Serge avec l’ancienne méthode qui consiste à faire beaucoup de kilomètres l’hiver avec un petit rappel de compétitions, et faire les plus grosses compétitions l’été.

"J’ai bien couru à Budapest, j’étais parmi les meilleurs. J’ai tout tenté, et si c’était à refaire, je referai pareil. Je ne voulais pas simplement être finaliste, je voulais vraiment tenter de chercher une médaille.​"

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Comment expliques-tu le fait d'être aussi fort du 800 mètres au 10 kilomètres, et probablement jusqu’au marathon ?

Je viens du long. J’ai commencé ma carrière avec un titre de champion de France de semi-marathon. J’avais déjà la « caisse », et la caisse appelle la vitesse. Bien sûr, il faut la travailler en gardant l’habitude de faire beaucoup de kilomètres en dehors des périodes de compétitions - durant lesquelles je fais plus de séances spécifiques qui sont plus courtes. Mais il ne faut pas tomber dans le piège de ne faire que du volume et de finir avec des semaines à 180 kilomètres, ce qui ne laisse pas de place à un travail spécifique de qualité. Comme on l’a dit, il existe différentes méthodes. Certains font beaucoup de volume et y incluent des séances de seuil, mais c’est quelque chose que je connais peu.

Tu n’utilises donc jamais la mesure du lactate dans ta préparation ?

"Si, quand même. On ne l’utilise pas beaucoup, mais on essaie de travailler tous les secteurs avec mes coachs : 5000 mètres, 3000 mètres, 1500 mètres et 800 mètres. Ça me permet d’être vraiment polyvalent. Mais c’est vrai que je ne fais pas beaucoup de seuil."

Qu’est-ce qui a pu te manquer pour faire une médaille aux championnats du monde de Budapest l’été dernier ?

Je ne vais pas me chercher d’excuse. J’ai bien couru à Budapest, j’étais parmi les meilleurs. Mais j’ai eu une petite blessure à 10 jours des championnats du monde ce qui m’a empêché de valider tout mon travail et de le finaliser. On n'avait pas le choix : c’était soit lever le pied pour arriver jusqu’aux mondiaux, soit forcer et risquer de ne pas y aller du tout. Je reste super content d’avoir couru la finale et d’avoir été toujours là pour me battre pour le podium à 200 mètres de l’arrivée. J’ai tout tenté, et si c’était à refaire, je referai pareil. Je ne voulais pas simplement être finaliste, je voulais vraiment tenter de chercher une médaille. À Oslo (meeting international), j’étais devant Josh Kerr et Narve Gilje Nordas (respectivement médaillé d’or et médaillé de bronze à Budapest}. Ce jour-là, on avait tous notre carte à jouer.

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Les Jeux de Paris approchent à grands pas. Est-ce que la médaille olympique est (elle aussi) dans un coin de ta tête ?

Forcément ! C’est pour ça que je m’entraîne et que je travaille dur tous les jours. Pour Paris et pour après les Jeux puisqu’il y a d’autres compétitions qui suivront. Je vais tout faire pour être là, passer les séries, les demi-finales, et tenter de décrocher une médaille à domicile. J’essaie de gérer la route qui mène vers Paris étape par étape. La saison en salle cet hiver, puis les compétitions en extérieurs, les championnats d’Europe à Rome, et enfin les Jeux Olympiques. J’essaie de ne pas me précipiter en ne pensant qu’aux Jeux, parce que je veux y arriver en forme, et serein.

"Avant les Jeux Olympiques de Tokyo, j’ai fait le pari de prendre 6 mois de congés sans solde. C’était nécessaire pour partir m’entraîner et tout tenter pour décrocher les minima.​"

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Qu’est-ce qui t’anime dans le sport à haut niveau ?

Premièrement, c’est de pouvoir représenter la France, de défendre ces couleurs. Mais en dehors des championnats, j’aime la montée d’adrénaline sur chaque ligne de départ, que l’on ressent déjà en voyant ses concurrents s’échauffer. J’aime le haut niveau parce que c’est là que je me suis trouvé. Mais je n’ai pas toujours connu cela. Je suis passé par le niveau régional, puis national avant de réussir à atteindre l’international.

Avant, tu travaillais à côté de ta pratique sportive ?

Absolument ! Avant les Jeux Olympiques de Tokyo, j’ai fait le pari de prendre 6 mois de congés sans solde. C’était nécessaire pour partir m’entraîner et tout tenter pour décrocher les minima. Et c’est passé ! C’est à partir de là que j’ai pu être aidé. Pour faire du haut-niveau, il faut réussir à faire les minima, et pour faire ces minima, il faut faire des sacrifices. C'est comme ça en France.

Ça n’était pas possible de concilier les deux : être athlète de haut-niveau et travailler en parallèle ?

Non ! Pour moi, c’est impossible. Lorsque tu as deux entraînements par jour, que tu dois faire une sieste, voir un kiné etc, je ne vois pas où placer les 7 heures de travail. Il y a des jours où c’est difficile, mais j’ai la chance de faire un travail que j’aime et de vivre de ce qui me passionne, c'est à dire de l'athlétisme.

Quel est ton kilométrage hebdomadaire ?

Je cours entre 120 et 150 kilomètres par semaine, maximum. Parfois je monte à 160 kilomètres. C’est au début de la saison que j’y attache le plus d’importance puisque c’est la période durant laquelle on travaille le secteur du seuil avec plus de volume. À partir de janvier, lorsqu’on passe à la période du travail spécifique, les semaines tournent plutôt autour des 120 à 135 kilomètres. C’est important de réduire le kilométrage à l’approche des compétitions pour arriver frais au départ. Je pense que si j’étais arrivé au meeting de Liévin avec 130 kilomètres dans les jambes, je n’aurai pas battu le record de France!

Initialement engagé aux championnats du Monde en salle à Glasgow sur 1500 mètres - où il faisait partie des favoris - Azeddine Habz a malheureusement du y renoncer quelques jours avant ! Victime d'une lésion du muscle soléaire, le demi-fondeur français a préféré déclarer forfait pour "ne pas se tromper d'objectif". Rendez-vous à Paris !

#AzeddineRunstoParis

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