Champion de France Elite du 1500 mètres cet été à Angers et finaliste des Championnats d'Europe à Rome, Romain Mornet pensait avoir validé son billet pour les Jeux Olympiques de Paris ! Malheureusement la Fédération Française d'Athlétisme (FFA) en a décidé autrement, et a refusé l'invitation de World Athletics pour l'athlète Vendéen. Entretien complet à retrouver dans cet article :
Quel est ton ressenti après cette non-sélection ?
Forcément je l'ai encaissé assez durement. Après c'est des choix qui ont été faits. Il faut entre guillemets les accepter. Parce que dans tous les cas je n'ai pas trop le choix. Mais c'est vrai que je pensais être dans la sélection. Je m'étais préparé pour les prochaines semaines et forcément ça a été compliqué à gérer. Quand j'ai vu qu'au championnat de France je l'emporte devant des gros clients, je me suis dit que j'ai fait le plus dur et en fait non. Je savais que je ne serai pas dans les 32 premiers au ranking mondial, mais j'avais compris que la fédération pouvait compléter la sélection malgré le fait que je ne sois pas dans le top 32. Or visiblement ce n'était pas le cas (la fédération avait durci les modalités de sélection). Et comme je disais, ce qui fait un peu déborder le vase c'est le fait d'être 33ème, que le 32ème c'est un français et que je ne suis qu'à trois points de lui...
Comment as-tu appris cette non-sélection ?
Alors je l'ai su brièvement la veille. J'ai reçu un coup de fil me disant que je n'étais pris, que la fédération avait été intransigeante selon leurs modalités et donc par conséquent que je ne fais pas partie de l'équipe. Disons que vis-à-vis des règles, je ne suis pas quelqu'un qui en veut aux gens. Après, effectivement, comme tu dis, il y a plusieurs paramètres qui font que pour le grand public ou du moins pour mes proches, pour mes partenaires d'entraînement, c'est incompréhensible. Un billet de train Laval-Montparnasse c'est 15€ ou 20€. Donc en termes de coût de financement c'est pas grand chose. D'autant plus que, comme tu disais, là il n'y a que 2 gars sur 15. S'ils avaient été 3 et que moi j'avais sauté parce que j'avais pas fait les minima, j'aurais compris tout de suite. Mais là, pour le coup ils sont que deux. Je leur en veux pas mais c'est vrai qu'il y a des moments où je comprends pas, c'est un peu un fourre-tout où j'ai du mal à faire la part des choses.
À côté de ta pratique à haut niveau, tu es professeur d'EPS c'est ça ?
Oui c'est ça ! Cette année j'étais passé à temps partiel. Donc je travaillais trois jours par semaine. J'avais disons un gros week-end de quatre jours pour pouvoir mieux m'entraîner et mieux récupérer. Et là à partir de la rentrée prochaine, donc à partir de septembre, je suis en disponibilité ce qui signifie que je ne travaille plus, je conserve mon statut de prof mais j'ai plus de rentrée d'argent et plus de poste.
Comment arrives-tu à gérer ton quotidien d'athlète de haut niveau et de professeur de sport ?
Je gérais ça de sorte à ce que sur les jours où je ne travaillais pas - j'en faisais le plus possible notamment d'un point de vue récup au niveau des kinés, de l'ostéo etc. et c'est le jour où je faisais mes séances aussi. J'essayais d'éviter de les faire sur les jours où je travaillais parce que je rentrais le soir, j'étais cramé. Mais c'était un rythme… Il y a des périodes de course où c'est compliqué parce qu'il y a beaucoup de déplacements, il faut souvent aller à l'étranger, prendre l'avion, etc. Donc ça crée de la fatigue. Et disons que si, imaginons, je rentre le lundi d'une compète, j'ai pas le mardi pour me reposer, pour faire des soins, etc, je dois directement aller au travail. Je ne pense pas que c'était optimal, mais compte tenu de mon niveau en début d'année, je me voyais mal tout lâcher et me dire c'est quitte ou double. D'autant plus qu'avec le niveau actuel, c'est compliqué de se faire sa place et d'avoir des financements qui rentrent à moyen et long terme. Je voulais privilégier le travail à côté pour assurer un peu mes arrières.
"Je pensais être dans la sélection. Je m'étais préparé pour les prochaines semaines et forcément ça a été compliqué à gérer. Quand j'ai vu qu'au championnat de France je l'emporte devant des gros clients, je me suis dit que j'ai fait le plus dur et en fait non."
Romain Mornet
Tu étais aux portes des Jeux et tu dois certainement être l'un des rares à travailler à côté...
Je me posais exactement la question il y a quelques jours, je me disais que dans tous ceux que je rencontre sur les meetings, mes adversaires, contre qui je cours etc, et à ma connaissance, même chez les étrangers, il n'y en a aucun qui travaille. Donc voilà, j'aurais été d'autant plus fier d'aller aux Jeux.
Comment tu as fait pour te libérer au moment des championnats d'Europe ?
Disons que j'ai une direction qui est conciliante. En fait là j'ai loupé par exemple une semaine au championnat d'Europe donc j'ai réussi à faire des heures supplémentaires avant et après le championnat. C'est vrai qu'en termes d'approche avant l'événement, c'était pas optimal, mais c'était la seule solution pour me permettre de m'absenter. C'était quand même un beau geste de leur part parce que je pense c'est pas possible dans toutes les entreprises.
En parlant d'Europe, tu considères ton championnat réussi ?
Oui, il est totalement réussi dans le sens où il me semble que j'arrivais avec entre la 25e et la 30e perte de la saison. De mémoire on devait être 32 engagés. Donc c'était loin d'être fait pour accéder à la finale même si c'était l'objectif, d'autant plus que dans la série il y avait Nordas qui avait fait podium à Budapest, et l'Espagnol Garcia qui était finaliste. Après en finale, je pensais pas du tout faire 3:34, je n'avais vu aucun temps de passage et quand je vois le chrono, je me dis bon, dans une course plus fluide, ça aurait pu être encore un peu mieux. Après je cherchais pas le chrono mais ça m'a prouvé à moi-même que même dans les courses de championnat, j'étais capable de courir vite.
Avec du recul, tu estimes que ta saison 2024 est réussie ?
Oui, elle est réussie. Si on enlève l'aspect JO, je pense que c'est difficile de faire mieux entre guillemets en termes de titres à la fois l'hiver et l'été. Déjà rien que le fait de remporter un titre cet hiver, mon premier en plus, aussi bien chez les jeunes que chez les élites, c'était vraiment une satisfaction. Et après sur la bascule estivale, les Europes c'était vraiment le premier gros objectif. La densité chez les Français elle est énorme. Rien que le fait d'aller aux Europes c'était déjà très compliqué. Et puis forcément le titre à Angers, quasiment à côté de chez moi. Il n'est pas inespéré mais il y avait quand même une toute petite fenêtre de tir pour l'emporter. C'était la plus belle course de ma saison.
Désormais focus sur les championnats du monde l'an prochain au Japon ?
Ouais c'est ça, en septembre prochain, donc c'est dans plus d'un an. Avant ça je pense que je vais d'abord me focaliser sur les Europe en salle (aux Pays-Bas). Mais c'est vrai que j'essaie de basculer rapidement sur d'autres objectifs pour ne pas trop penser aux Jeux. Et je veux dire qu'il y a d'autres échéances qui arrivent et qui sont tout aussi importantes pour moi. Donc voilà, ça va vite arriver, donc il faut se replonger dedans.
"Si on enlève l'aspect JO, je pense que c'est difficile de faire mieux entre guillemets en termes de titres à la fois l'hiver et l'été. "
Romain Mornet
Et c'est quoi la suite maintenant ?
Alors là, je recours à Lucerne en Suisse (16 juillet). L'objectif c'est d'essayer de jouer aux avant-postes. Je ne sais pas si la course va aller vite ou non, mais de reprendre plaisir sur la piste, comme je l'ai fait cette saison, et de couvrir comme je sais le faire. Et je pense qu'à la fin du mois, je vais faire un 3000, parce que j'adore ces distances. Et après, petite coupure au mois d'août et on verra. Pour l'instant j'ai pas trop décidé de voir si j'allais faire des meetings en reprise au mois de septembre. Mais comme je te disais, l'objectif principal c'est à la fois les Europe indoor et même avant ça les Europe de cross.
Un dernier petit mot à faire passer ?
Je veux remercier les personnes qui m'ont soutenu dans la saison, que ce soit mon coach, ma famille, mes proches, mes sponsors etc. Et aussi tous ceux qui m'ont envoyé des messages après ma non-sélection pour les jeux. J'ai eu pas mal de messages donc je pense que ça a aussi touché pas mal de gens. J'aurais pas cru mais il y a eu beaucoup beaucoup de messages après l'annonce, aussi bien sur les réseaux qu'en messages privés. Et je m'y attendais pas forcément. Et forcément, les gens, ils suivent un peu les aventures aussi bien positives que négatives. Donc, merci à eux.
Merci à Romain de nous avoir accordé de son temps pour répondre à nos différentes questions. On lui souhaite une très belle fin de saison et de pouvoir rebondir au plus vite !
#RomainMornet
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